Après quelques années d'infidélité, c'est avec un vrai plaisir que j'ai retrouvé Yves Simon. "Un homme ordinaire" est une courte lettre d'amour (80 pages) que l'auteur envoie à son père défunt. En voici le quatrième de couverture : "Tu souffrais dans ta chair, dans tes muscles, d'un travail de damné, qu'en était-il des souffrances de ton âme ? tes regards d'épagneul me disaient que tu ne souffrait de rien. Jamais je n'ai pu, ou voulu entrevoir, ce que dissimulaient tant de silences."

Pour la petite histoire, mon premier contact avec cet auteur m'a poussé dans la délinquance. Je me promenait dans Bordeaux, à l'époque j'étais au CREPS... Pour tuer mon ennui, je suis entré dans une librairie. Un titre m'a attiré : "La dérive des sentiments"... J'ai pris le livre, bloqué sur ces 4 mots. Une vrai illumination : nos sentiments sont comme les continents, ils bougent, ils changent sans qu'on s'en aperçoive, nous éloignent ou nous rapproche les uns des autres sans qu'on ne puisse y faire grand chose... J'ai lu la première page et piqué le livre. Je n'avais pas mon porte-monnaie sur moi et le coup de foudre était trop intense.

Depuis, je pense l'avoir bien remboursé. J'ai presque tout lu et tout acheté, même ses chansons un peu nazbroques. Mon livre préféré demeure "Transit Express" où le héros échange sa vie bien rangée contre un billet de train... Rien à voir avec un "Homme ordinaire" mais c'est toujours la même tendresse, la même sensibilité dans l'écriture. Bon, bien sûr, pour aimer, il faut accepter de reconnaître qu'on a un coeur et savoir l'écouter. C'est pas tellement dans l'air du temps ni du goût de l'infâme Cyclotor... Mais tout ce qui peut nous aider à comprendre ce qu'aimer veut dire est bon à prendre. Vive les Bisounours !