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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 10:00

Allez René ! Ah putain, c'était trop bien de nager encouragé par toute sa famille et tous ses potes !... Par contre, au karaté, j'avais horreur que mes parents me voient. Bon, faut dire que c'était une époque où la compète, c'était la bagarre (et en plus j'étais nul). Pour faire face à certaines épreuves, il est préférable que les parents laissent les enfants se débrouiller seuls. Pour d'autres, ils ont besoin de leur soutient. Tout ça varie donc en fonction de l'activité, des gosses... et de leurs géniteurs.

 

Pendant des années, au Karaté, on me confiait des gosses. Je les formais, les amenais en compétition et ne voyait que quelques parents. C'était d'ailleurs parfois la croix et la bannière pour trouver des chauffeurs quand il s'agissait de partir avec une dizaine de compétiteurs... Quand on bougeait en masse, on prenait un car. Et les rencontres nationales devenaient une aventure entre jeunes, puisque moi aussi j'étais jeune ! Pour le reste, c'était comme à l'école : les parents laissaient les enfants devant le Dojo et échangeaient avec eux sur leur pratique en dehors des cours, à la maison. Quelques uns pourtant laissaient déjà entrevoir les shémas actuels, à savoir l'omni-présence des parents... Un principe qui a du pour et du contre.

 

Le pour, c'est évidemment la chance de partager pleinement la chose avec son enfant. Le contre, c'est que ça ne lui permet pas toujours de s'exprimer, d'être lui-même, c'est à dire libre de ses comportements... Combien de parents m'ont dit "mon gosse est timide !" tandis que je pensait "c'est toi qui le rend timide, tu parles toujous pour lui !"... Et de fait, Kriss, Nico, Seb et conçorts me tapaient individuellement plus la tchatche que tous mes élèves actuels réunis !

 

Aujourd'hui il n'y a pour ainsi dire plus de relation Coach-Enfants, on est dans la relation coach-parent-enfant. Tous les géniteurs se déplacent en compète, tant et si bien qu'on a plus besoin de car... Et que ma présence n'est plus aussi indispensable qu'elle pouvait l'être à l'époque. J'ai donc fini par préférer rester à la maison, plutôt que de prendre la routre tout seul avant d'aller des uns aux autres sur-place... Essayant tant bien que mal de gérer les égos parentaux, souvent à l'affut de savoir si je ne m'occupe pas plus des uns que des autres. Mission impossible dès que la compète a lieu sur différents tapis, c'est à dire... à chaque fois ! Et puis j'ai désormais une famille dont il faut quand même s'occuper un peu !

 

Au niveau de la Natation, l'accès aux bassins étant interdit aux parents pour raison d'assurance, on se retrouve avec une relation à l'ancienne. Avec les cars, le manque de bras et juste une poignée de parents qui suivent en compétition. Et si, durant les entraînements, certains restent scotchés une heure à la vitre de l'acceuil pour voir de loin ce qui se passe, ils ne peuvent pas coller plus que ça leurs peenfants... C'est quand même un truc qui énerve pas mal mon collègue : "Qu'est-ce qu'ils m'énervent là, à toujours regarder ! C'est horrible j'ai l'impression de me sentir espionné. J'ai la sensation qu'ils jugent sans arrêt mon travail, franchement j'aimerai trop pouvoir leur dire mais cassez-vous ! Je vais pas le noyer votre gamin !"... Ben qu'est-ce qu'il dirait au karaté ! Où les parents sont dans le Dojo, certains écoutant chacun de mes mots tout le cours durant, toute la saison durant !...

 

Entre le temps où j'étais compétiteur et aujourd'hui, les choses se sont donc inversées par rapport à mon propre ressenti. J'ai permi aux parents d'investir le dojo et je les ai plus ou moins virés de la piscine, par la force des choses... Au final, les enfants réussissent dans les deux. Mais j'ai des publics assez différents. Il est clair que certains parents poules n'inscriront jamais leurs enfants à la piscine dans la mesure où ils ne pourront pas les y suivre autant qu'ils le désirent...

 

En conclusion, disons que les "bons" parents sont ceux qui savent quand leur enfant a besoin d'eux et quand il a besoin de vivre sa vie. Ceux qui savent assister plutôt qu'interférer... Travailler leur gosse pour aller dans le sens du progrès, qui, en toute logique, est celui de l'entraîneur. A condition bien sûr que celui-ci ne soit pas trop mauvais ! Chaque môme étant différent, chaque parent doit réfléchir à sa juste place pour l'épanouissement sportif (et pas seulement) de son gosse. Et cela peut aller de l'autonomie totale à l'omni-présence... Sauf que même dans ce dernier cas, réussir sans un casse-couille de prof est bien compliqué ! Mon expérience de coach me fait dire que la réciproque est tout aussi valable : sans un soutient intelligent et adapté des parents, la réussite est rarement au rendez-vous !

 

Quant à savoir si les choses sont plus simples quand le coach s'appelle papa, rien n'est moins sûr... En photo ci-dessous, Nadège Aït-Ibrahim, championne du monde de Karaté des plus de 68 kg. Une athlète coachée principalement par son père... bel exemple d'une relation coach-parent-enfant réussie !

 

ibrahim.jpg

 

Et je n'ai pas parlé jusqu'ici du passage à l'adolescence !... Où la rebellion anti-parent rend le jeune très con et peut aussi perturber sa progression ! C'est l'âge où l'on ne supporte plus les petits travers de nos proches, où on est incapable de se bouger, où on perd confiance en soi et où on rêve de tout changer. Quel que soit le sport, c'est une période où l'on enregistre beaucoup d'abandons contre quelques nouvelles inscriptions... Perso, c'est justement à 13 ans et demi que j'ai commencé mon art martial. Le Karaté m'a indéniablement apporté la "Zen attitude". J'ai très vite été beaucoup plus patient avec mes parents, plus tolérent avec les petits travers de mes proches. J'ai aussi appris a reconnaître mes défauts et à lutter pour tenter de les résorber. L'adolescence est la période où l'adulte se construit, elle n'est facile ni pour les jeunes, ni pour leur entourage... Et soit la brouille dure et le conflit se termine avec un départ à 18 ans, soit les deux partis négocient une trêve et continuent d'avancer ensembles !

 

A ce moment, le coach peut jouer un rôle. Non pas d'arbitre mais de médiateur. C'est en tout cas ce qu'avaient réussi à faire les miens, peut-être sans même le savoir, juste au travers de leurs discours constructeurs... Aujourd'hui, je suis Maître-Nageur et Prof de Karaté. Mes parents en sont très fiers... Mais à l'époque, lorsqu'ils ont compris que je ne ferais jamais de grandes études parce que je n'en avais pas la fibre, ce fut tout de même une déception. Il leur a donc fallu avaler cette pillule avant de me soutenir à fond dans une direction qui n'était pas celle de leurs rêves. Ils on su faire preuve d'intelligence. Moi j'ai su faire preuve de discernement car a 14 ans, j'avais compris ce pour quoi j'étais fait. Quant à mes coachs, ils ont su me donner la foi... Celle qui a remplacé la rage, qui a sans doute permi que tout soit possible et qui fait qu'aujourd'hui encore j'aime et je remercie profondément mes parents... tout comme mes anciens coachs !

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