Cela faisait bien des années que je n'avais pas lu un Bobin. Ca remonte à l'époque où j'étais poête-poête. Je sais pas pourquoi j'ai eu envie de me plonger dans son dernier livre, "l'homme-joie", dont le titre ne me parlait absolument pas... Enfin bref, je me suis dit boh bin pourquoi pas !

Peu de choses ont changé dans son écriture. C'est toujours aussi décousu, aussi simplement et purement bien dit. Aussi Neuneu diront certains. Des tableaux qui se succèdent, des regards et pas d'histoire. La question de Dieu est toujours très présente mais pas de manière religieuse, juste de façon lumineuse. C'est dans le vent, dans la musique où dans les fleurs que se révèle le divin. Dans ce livre il est pas mal question de la mort, de ce qui rempli le vide qui succède à ceux que l'on aime. Le ton n'est pourtant pas triste, il s'agit bien là d'un auteur profondément croyant qui prêche donc la beauté de l'existence et l'évidence d'une "suite" à nous-mêmes... L'ouvrage se termine par cette phrase, écrite à la main, comme pas mal d'autres tout au long des pages qui la précèdent : "J'ai pris la main du diable. Sous ses ongles noirs j'ai vu de la lumière". Alléluia. Joli contraste après un article sur les Sons Of Anarchy !

Le style de Christian Bobin se prête volontier à la citation, en voici deux, en conclusion... Histoire de vous donner envie de le lire ou de vous replonger au plus vite dans le dernier Dan Brown !

"Expliquer n'éclaire jamais. La vraie lumière ne vient que par illuminations, explosions intérieures, non décidables". J'apprécie particulièrement cette idée et je dirais même que tout l'art d'enseigner, ce n'est pas d'imposer une leçon mais réussir à ce que l'apprenti en vive le sens. Une démarche pas toujours acceptée de tous - mais parfois...

"Il faut que le noir s'accentue pour que la première étoile apparaisse."...